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dimanche 29 décembre 2013

Le réchauffement de la planète est susceptible d'accroitre de 40 % le nombre de personnes souffrant de pénurie d'eau dans le monde, mettant en péril la vie de millions de personnes selon les scénarios et les modèles les plus optimistes

Washington , le 17 décembre ( ANI ) : 

Une nouvelle étude démontre que le réchauffement climatique résultant des émissions de gaz à effet risque d’accroître de 40 % le nombre de personnes souffrant de stress hydrique dans le monde d'ici la fin du siècle.

Aujourd'hui , entre 1 et 2 % de la population mondiale vivent dans des régions touchées par des pénurie d'eau récurrentes et sous stress hydrique permanent (-500 m3 d’eau par habitant et par an). 

La croissance démographique et le changement climatique combinée pourrait faire porter ce chiffre à 10 %  si les 3 degrés de réchauffement annoncés venaient à s'affirmer.

Le-auteur Qiuhong Tang de l'Académie chinoise des sciences a déclaré que le risque croissant de pénurie d'eau est une menace majeure pour le développement humain et la sécurité alimentaire dans les nombreuses régions qui dépendent de l'irrigation pour l'agriculture.

En outre , de nombreux procédés de production industrielle nécessitent de grandes quantités d'eau de tel sorte que l'absence de celle-ci dans certaines régions entraverait gravement leur développement économique .

Cette étude informatique est basée sur un ensemble de onze modèles hydrologiques globaux et de cinq modèles climatiques mondiaux, une simulation sans précédent qui a été produite en collaboration avec de nombreux chercheurs à travers le monde.

Selon Pavel Kabat de l'Institut international pour analyse des systèmes appliqués, cette évaluation multi- modèle est unique en ce qu'elle nous donne une bonne mesure de l'incertitude des impacts futurs du changement climatique , qui à son tour nous permet de comprendre les risques hydriques que nous pourrions traverser.

Les résultats synthétisés nous permettent de prendre en compte et de mesurer les connaissances actuelles sur les impacts du changement climatique et la disponibilité de l'eau de la planète.

Les résultats indiqués ci-dessus représentent la moyenne multi- modèle ,même si certains modèles indiquaient de bien plus grandes augmentations de la rareté de l' eau .

Du point de vue de la gestion des risques , il devient très clair que si le changement climatique d'origine humaine continue , nous mettrons en péril la vie de millions de personnes selon les scénarios et les modèles les plus optimistes .

L'étude sera publiée dans un numéro spécial des Actes de l'Académie nationale des sciences . 

© Nature Alerte


Ajout Nature Alerte

Une telle annonce pouvant au premier abord paraître négligeable à la compréhension limitée de l’espèce humaine, il me semble judicieux d'y ajouter cet autre article qui complétera et rectifiera à bon escient l'équilibre de la portée des flots incessants à notre conscience collective, car il existe probablement un seuil au delà duquel elle acquiert tout les attributs de ses multiples vertus, nous reste juste à trouver rapidement le disjoncteur primaire...

...

L'eau : géopolitique, enjeux, stratégie 


Si, en 1995, 400 millions de personnes vivaient dans des pays sous stress hydrique (-500 m3 d’eau par habitant et par an), ils seront 4 milliards en 2025 à connaître cette situation, avec toutes les conséquences sociétales, alimentaires, sanitaires, et économiques qui en résulteront. 

En particulier, selon un rapport de 2006 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), 90% de la population du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord devraient ainsi vivre dans des pays affectés par des pénuries d’eau d’ici à 2025.

Mais, le monde arabe ne sera pas seul à connaître cette situation. La Méditerranée, dans son ensemble, est déjà dans une situation délicate, avec 108 millions de personnes disposant de moins de 1000 m3 d’eau par an et par habitant, chiffre qui devrait atteindre 165 millions d’individus en 2025 (1). 

Et que dire de la Chine, qui représente 21% de la population mondiale, mais seulement 7% des ressources en eau douce de la planète. La Chine du Nord, possédant moins de 15% de l’eau disponible tout en hébergeant 45% de la population chinoise, présente en particulier des statistiques inquiétantes avec certaines de ses provinces disposant de moins de 500 m3 d’eau par habitant et par an, ce qui les place bien en deçà du seuil de stress hydrique et au même niveau que des pays comme l’Algérie (478 m3 d’eau par habitant et par an) et Djibouti (475 m3 d’eau par habitant et par an). 

Dans ces espaces régionaux, il est ainsi fort probable que de fortes tensions ne manqueront pas, à moyen terme, de naître à cause de l’eau. Quelles en seront les formes ? Famines ? Emeutes de la soif ? Déplacements massifs de population ? Conflits armés ?

L’actualité des violences urbaines à l’international, ainsi que l’histoire des cinquante dernières années, montrent que de tels scénarios se sont déjà produits. Depuis 50 ans, le PNUD a ainsi recensé 37 cas de violences entre Etats portant sur la question de l’eau, dont 30 ont eu lieu au Moyen-Orient. 

Cependant, la sagesse des hommes a, à ce jour, permis de mettre un terme aux querelles entre rivaux. Le PNUD estime ainsi que plus de 200 traités ont pu être signés entre « rivalis », pour reprendre l’expression latine signifiant littéralement, « qui tire son eau du même cours d’eau » (2). 

Les travaux d’Aaron Wolf, expert international et fondateur de la base de données des conflits transfrontaliers sur l’eau douce, ont en particulier montré que, dès qu’un seuil de tension était dépassé, un mécanisme de concertation se mettait en place et aboutissait le plus souvent à un statu-quo ou à un plan de coopération. 

Plus de 3 600 traités ont ainsi pu être signés, rendant ainsi effectif le concept naissant d’ « hydrodiplomatie ». Quand il est question de l’eau, la paix aurait ainsi le dessus sur toute logique belliqueuse, aucune des parties en présence n’ayant intérêt sur le long terme à s’approprier par les armes une ressource aussi précieuse, et de surcroît caractérisée, de manière croissante, comme un bien commun de l’humanité. 

A juste titre, Aaron Wolf note donc que la seule véritable guerre liée à l’eau remonte à plus de 4 500 ans entre deux cités de Mésopotamie, Lagash et Umma, à propos du partage de l’eau issue du Tigre et de l’Euphrate, dans la partie Sud de l’actuelle Irak ; rappel de temps immémoriaux où Etats rivaux ne savaient se concerter et coopérer en matière d’eau potable.

Notre monde moderne pourrait cependant faire voler en éclat bien des certitudes acquises sur le sujet. 

D’abord parce que l’accroissement de la population donne à l’agriculture une place toujours plus importante dans la consommation des ressources en eau mondiales. Le secteur agricole prélève en effet 70% des ressources en eau utilisées, et 82% de celles des pays à faible revenu. 

Au delà de la croissance démographique, cette part ne fait également que s’accroître en raison de l’absence de modernisation des pratiques agricoles, et de l’évolution des régimes alimentaires. Produire un kilo de boeuf nécessite en effet 15 fois plus d’eau qu’un kilo de blé.

Par ailleurs, une autre composante réside dans la pression touristique qui s’exerce sur les ressources en eau dans certaines parties du monde. Avec 32% du tourisme mondial, le bassin méditerranéen (qui ne dispose pourtant que de 3% des ressources en eau douce de la planète et concentre plus de la moitié de la population la plus pauvre en eau), draine chaque année 218 millions de personnes. Or, toutes les analyses le montrent, l’activité touristique consomme traditionnellement beaucoup plus d’eau que les besoins domestiques des populations : entre quatre à huit fois plus. 

A ces chiffres de consommation en hausse très nette, posant, d’ores et déjà un problème de renouvellement de la ressource (comme en Egypte où la consommation annuelle de 70 km3 en 2000 est déjà largement supérieure aux ressources disponibles), s’ajoute enfin la contrainte du réchauffement climatique. Les modèles de calcul du GIEC s’accordent en effet pour penser que la Méditerranée sera la première touchée par les phénomènes d’augmentation de température.

D’après les travaux d’experts mandatés par l’Institut de Prospective Economique du Monde méditerranéen (3), d’ici la fin du XXIème siècle, la température annuelle moyenne sur la région méditerranéenne devrait par exemple augmenter entre 2,2 et 5,1°C. Ce réchauffement serait particulièrement visible d’ici 10 à 15 ans durant les périodes d’été qui laisseront entrevoir une augmentation du nombre, de la durée et de l’intensité des canicules. Dans ces conditions, les pénuries d’eau augmenteront et d’importantes baisses de productivité agricole seront à attendre, avec des chutes de rendement allant jusqu’à 50%.

Quand le manque d’eau vient s’ajouter à des postures gouvernementales délibérées visant à rompre avec toute volonté de coopération frontalière, des casus belli à plus grandes échelles seront malheureusement susceptibles de survenir. Trois chercheurs (4) ont, dans cette perspective, qualifiés d’« à risques » les ensembles suivants : 

les bassins du Gange-Brahmapoutre, les bassins d’Afrique australe (Kunene, Okavango, Limpopo, Zambèze, Incomati), le lac Tchad, le fleuve Sénégal qui délimite les frontières nord et est du pays, la grande rivière de La Plata entre Argentine et Uruguay, ou encore la rivière Tumen aux confins extrême-orientaux de la Russie et de la Chine.

On comprend ainsi mieux pourquoi le changement climatique et la rareté des ressources en eau ont été placés par certains pays au rang des questions stratégiques qui se doivent d’être étudiées rigoureusement, car posant à terme un vrai problème de sécurité collective.

Rien d’étonnant en particulier à ce que le Pentagone s’intéresse de près à ces sujets. Un rapport de 2003 intitulé « Le scénario d’un changement climatique brutal et ses implications pour la sécurité nationale des Etats-Unis », élaboré par Peter Schwartz, consultant de la CIA et ancien responsable de la prospective à la Royal Dutch Shell, recommande au Ministère de la Défense américain de faire du changement climatique un enjeu de sécurité nationale, partant du principe que toutes les projections attestent que les pénuries d’eau potable entraîneront inévitablement des conflits et des perturbations continuelles de sécurité dans les prochaines années. 

Dans un registre différent, il est également intéressant de noter que les militaires américains réfléchissent sur la manière dont leurs forces pourraient être amenées à intervenir dans des conflits lointains ayant l’eau pour cause. Dans un rapport préparé pour le Director of Net Assessment de l’Office of the Secretary of Defense, des scénarios planning de conflits à horizon 2025 sont ainsi imaginés sur l’Asie du Sud-Est et l’Asie Centrale (5). En sont déduites, de manière habile et pertinente, les implications immédiates et plus long terme sur le pré positionnement des forces américaines, ainsi que sur les capacités de projection désormais à attendre. 

Plus généralement, les instituts de recherche stratégique américains ont apporté, ces quatre dernières années, la plus grande attention à la problématique de la raréfaction des ressources en eau et aux implications politico-militaires qui en résulteront. En témoigne la rédaction en 2005 d’un livre blanc sur le sujet par le Center for Strategic and International Studies (CSIS) de Washington et les laboratoires Sandia, une organisation gouvernementale américaine active dans la réponse aux nouvelles menaces, la protection des infrastructures vitales et les technologies militaires.

Dans cette étude (6), les protagonistes insistent sur la nécessité pour l’administration et l’armée américaine de se préparer aux nouveaux enjeux stratégiques que pose l’eau dans le monde. 

En particulier, les experts du CSIS et des Laboratoires Sandia demandent à ce qu’une stratégie nationale sur l’eau soit clairement définie, et qu’elle puisse fédérer et rationaliser l’action de l’ensemble des agences étatiques qui interviennent déjà dans ce domaine à l’international. 

Dans le même ordre d’idée, les cercles et clubs de réflexion liés au monde de la défense britannique se sont mobilisés sur le sujet (7). Car, comme l’a très bien souligné, Margaret Beckett, Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs, en octobre 2006 : « Le réchauffement climatique n’est pas uniquement une question environnementale. C’est également un problème de Défense ». 

Dans un autre discours devant le Royal United Services Institute de Londres (RUSI), le 10 mai 2007, la Ministre des Affaires étrangères britannique appelait officiers généraux, hauts fonctionnaires, et chefs d’entreprises présents dans l’assistance à se mobiliser sur la problématique du changement climatique et d’en analyser méthodiquement les conséquences pour les armées et les intérêts stratégiques de la nation : « Refuser aujourd’hui d’admettre que le changement climatique est une affaire de sécurité, c’est, selon moi, suivre les pas de ceux qui, en 1920, ont refusé de reconnaître les conséquences des réparations sur l’avenir de l’Europe » (8).

Ces prises de position peu communes suffisent à expliquer l’augmentation des moyens humains et financiers alloués par la politique extérieure de la Grande-Bretagne au secteur de l’eau et de l’assainissement, sans toutefois que ceux-ci n’atteignent le niveau des engagements financiers américains les plus importants du monde (9).

Pour terminer, l’édition 2008 du Forum de Davos a également appelé à une mobilisation générale des décideurs économiques et politiques sur le sujet de l’eau. Par la voix de Klaus Schwab, son fondateur et président, et de Peter Brabek-Letmathe, Président directeur général de Nestlé, «une coalition public-privé inédite et puissante» (10) se devait d’être mise en place pour que les besoins futurs en eau soient mieux pris en compte avant que la crise ne frappe. 

Ainsi, le cadre nouveau que pose «l’or bleu» en ce début du XXIème siècle, impose à la France et à l’Europe, à leur tour, un changement rapide de posture stratégique et de dimension d’intervention sur l’eau.

Source: © FRANCK GALLAND*, Directeur de la sûreté de Suez Environnement

* Franck Galland est également président du Collège des opérateurs d’infrastructures vitales au sein du Haut Comité Français pour la Défense Civile. 

Il est l’auteur d’une quinzaine d’articles sur la géopolitique de l’eau parus dans des revues stratégiques (Revue de la Défense Nationale, Bulletin d’Etudes de la Marine, Revue de la Gendarmerie Nationale). Il a écrit « l’Eau : géopolitique, enjeux, stratégie », publié aux Editions du CNRS en septembre 2008.


1. « Méditerranée : les perspectives du Plan Bleu pour l’environnement et le développement.». Plan Bleu 2005.
2. “La guerre de l’eau n’aura pas lieu, estiment les Nations Unies”, Xavier Harel, La Tribune, 10 novembre 2006.
3. « Région méditerranéenne et changement climatique : une nécessaire anticipation ». Pour l’Institut de Prospective Economique du Monde méditerranéen. Septembre 2007. Travaux de Stéphane Hallegatte, Samuel Somot et Hypatie Nassopoulos.
4. Aaron Wolf, Associate Professor of Geography, Oregon State University; Shira Yoffe, Diplomatic Fellow, American Association for the Advancement of Science, Washington DC; Mark Giordano, Senior Researcher, International Water Management Institute, Colombo, Sri Lanka : “International waters : identifying basins at risk”, 31 janvier 2003.
5. “Water and conflicts in Asia : 2025”, Scenarios and Implications, Strategic Assessment Center, Science Applications International Corporation, Decembre 2003.
6. “Global Water Futures : adressing our global water future”, Center for Strategic and International Studies, Sandia National Laboratories.
7. Voir notamment Jane’s Intelligence Review, Mai 2007, « Global warming : security implications of climate change »
8. “The case for Climate Security”. Lecture by the Foreign Secretary, the Rt. Hon. Margaret Beckett, MP, at the Royal United Services Institute on May 10th 2007. 
9. En réponse au World Summit on Sustainable Development de Johannesburg en 2002, l’administration Bush s’est engagée à travers l’US Agency for International Development à investir 970 millions de dollars sur trois ans, chiffre qui fût dans les faits porté à 1,2 milliards de dollars en 2005. 
10. « Davos face au défi planétaire de l’eau », Klaus Schwab et Peter Brabeck-Letmathe, La Tribune, 29/1/08.


Ajout Nature Alerte

...le tout étant plus grand que la somme de ses parties...je me disais...Mais qui est ce que donc aurait besoin de tant d'eau...Hummmm...

Source trouver:

Naturealerte

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