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jeudi 1 décembre 2011

Tout ce que vous devez savoir sur la rougeole, mais que l’on ne vous dit pas


« La rougeole, une des maladies dites bénignes de l’enfance, mérite pleinement cette appellation en France. » C’est ce que l’on pouvait lire en 1976 dans Le Concours médical. L’année suivante, le Pr Bastin, que l’on ne peut pas soupçonner d’avoir été hostile aux vaccinations, confirmait ce propos en ces termes : « II serait difficile de vacciner systématiquement chez nous où la maladie est bénigne puisque, sur 100 rougeoleux hospitalisés [donc des cas choisis pour leur sévérité], la mortalité est de 0,17.»


Pourtant, en 1989 au cours d’une conférence de presse à l’occasion du lancement du programme d’incitation à la vaccination contre la rougeole et la rubéole, le Pr Roux, directeur général de la Santé, présentait «les moyens qui [seraient] mis en œuvre pour sensibiliser les médecins et le grand public à la gravité de ces maladies [aux] lourdes conséquences». Ainsi, en l’espace de six années, la rougeole était passée du statut de maladie bénigne au rang de maladie grave. Qu’en était-il donc de cette gravité en 1983 ?

Nombreux sont ceux qui estiment que la rogeole à disparue grâce à la vaccination, c’est faux !!Le graphique ci-dessous traduit la régression du nombre de décès dus à la rougeole, ces données étant évidemment plus fiables que celles relatives au nombre de cas étant donné la bénignité de la maladie et la sous-déclaration qui en résulte

 
 
 
 
Décès dus à la rougeole en France. (Absence de données pour les années 1922-1924 et 1937-1939.)


(Annuaire statistique de la France.

Entre 1906 et 1983, année du lancement de la campagne de vaccination, le nombre de morts dus à la rougeole est passé de 3 754 à 20, soit une diminution de 9995 % malgré une augmentation parallèle de la population de 33 % (Annuaire statistique de la France). Quel intérêt y avait-il à vacciner toute la population infantile ?

L’argument utilisé pour provoquer la peur des mères a été la survenue possible de deux complications graves liées à la rougeole : l’encéphalite morbilleuse et la P.E.S.S., qui d’ailleurs peuvent se produire aussi après la vaccination. Or, en 1934, année où la rougeole tuait encore 1 349 malades, on pouvait lire « sur plusieurs centaines de rougeoles que, depuis deux ans, nous avons suivies à l’hôpital Claude Bernard, tant chez les enfants que chez les adultes, il ne nous a été donné d’observer qu’un seul cas d’encéphalite morbilleuse »

En 1983, année du déclenchement de la campagne de vaccination antirougeoleuse, il avait été enregistré 11 encéphalites postrougeoleuses et 12 P.E.S.S.

Où était donc l’impérieuse nécessité et l’urgence d’organiser ces campagnes massives de vaccination d’autant plus que le Pr Bastin faisait remarquer plusieurs années auparavant : « II est évident qu’une vaccination générale fait courir le risque de rougeoles d’adulte et de rougeoles du nouveau-né plus graves. Cette vaccination ne doit pas être systématique. »

D’après Le Quotidien du médecin citant une étude britannique, la létalité due à la rougeole est minimale entre 5 et 9 ans (âge habituel autrefois de la rougeole) mais elle est 4 fois plus élevée chez les nourrissons de moins d’un an et 8,5 plus élevée après 25 ans. Ces données n’étaient pas nouvelles puisque les experts de l’OMS notaient, dès 1950 (!), que ne connaissant pas d’agent capable d’immuniser contre la rougeole (à l’époque), si un tel agent venait à être découvert « son emploi devrait être limité, à moins qu’il ne soit prouvé qu’il confère l’immunité pour toute la vie au prix de risques très restreints. Une méthode assurant une immunité de quelques années seulement aurait pour effet de retarder l’apparition de la maladie (alors que c’est pendant la seconde enfance qu’elle présente le moins d’inconvénients et de dangers) jusqu’à l’âge adulte, où elle a un caractère plus sérieux».

Persuadés qu’une dose d’un puissant vaccin atténué protégerait toute la vie, les Etats-Unis ont planifié une vaccination à grande échelle en 1965 et obtenu rapidement une chute spectaculaire des cas ; mais, vers la fin des années 1980, leur nombre a commencé à réaugmenter fortement avec une létalité plus élevée et un déplacement vers les très jeunes nourrissons et les adultes comme l’avait prédit le Pr Bastin 10 ans auparavant. Cela a conduit les responsables américains à recommander un rappel depuis 1989.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un phénomène identique s’observe actuellement en France et en Suisse, d’où la campagne actuelle pour inciter à faire un rappel à l’âge de 6 ans, en attendant peut-être un second rappel vers 15 ans.

Cette modification de l’épidémiologie de la rougeole n’est paradoxale qu’en apparence. Elle s’explique très bien par le fait que l’immunité vaccinale est moins durable que celle conférée par la maladie. L’évolution se fait alors en deux phases :

– Dans un premier temps, la vaccination confère une certaine immunité. Le virus sauvage continuant à circuler, les réinfections des sujets vaccinés jouent le rôle de rappel et renforcent cette immunité. Le groupe des sujets réceptifs diminue donc et le nombre des cas chute.

– Dans la période qui suit, la circulation du virus sauvage s’étant réduite en raison du moindre nombre de malades, les réinfections deviennent plus rares et le rappel qu’elles produisaient disparaît. L’immunité vaccinale s’évanouissant au fil des ans, il apparaît progressivement une population d’adultes non protégés, parmi lesquels des femmes qui ne transmettront plus d’anticorps au cours de leurs grossesses. Les nouveau-nés deviennent donc réceptifs au même titre que les adultes.

Compte tenu de ces observations, une modélisation mathématique a été réalisée pour prévoir ce que deviendra la rougeole. Malgré toutes les campagnes d’incitation à la vaccination, la couverture vaccinale pour la rougeole n’est que d’environ 80 %. À ce niveau de couverture et même si la revaccination à 12 ans était bien acceptée, «on n’éviterait pas des épidémies impliquant jusqu’à 200 000 cas tous les 4 à 5 ans». C’est pourquoi la revaccination est proposée à 6 ans. Si la couverture vaccinale augmente et si la revaccination est bien acceptée, « il semble qu’on n’empêche pas une augmentation prochaine du nombre des cas, mais qu’aucune épidémie d’importance n’apparaisse plus ultérieurement ». Comme on le voit, la partie est loin d’être gagnée. Les sommes englouties dans cette aventure, pour éliminer une maladie réputée bénigne, ajuste titre selon le corps médical lui-même, auraient sans doute été mieux utilisées ailleurs.

On comprend donc pourquoi des épidémies de rougeole sont déjà survenues dans des populations bien vaccinées. Il s’en est produit plusieurs aux Etats-Unis y compris dans des communautés scolaires vaccinées à plus de 99 %. Au cours de ces épidémies, 30 à 100 % des cas de rougeole surviennent chez des vaccinés. On trouve toujours une bonne raison pour expliquer les échecs (vaccination trop tardive, vaccin pas assez puissant, etc.), mais on a peine à penser que ces résultats n’amènent pas une révision des politiques vaccinales. En France, outre le déplacement de l’âge moyen de la rougeole, on observe l’augmentation de la proportion des cas survenant chez les vaccinés, passant de 3 % en 1985 à 27% en 1994.

Le même phénomène apparaît pour les oreillons pour lesquels la proportion des cas survenus chez les vaccinés est passée de 22 % en 1992 à 30 % en 1993, 37 % en 1994 et 61 % en 2001. En Suisse, cette proportion a même atteint 75 %.

Bien entendu, le tiers-monde n’est pas plus épargné. Parmi les exemples rapportés, citons l’épidémie survenue à Harare (au Zimbabwe) où la couverture vaccinale était de 83 %, et au cours de laquelle un tiers des cas ont dû être hospitalisés, ce qui est inhabituel. La rougeole serait-elle plus grave quand elle survient dans une population vaccinée ?

On serait tenté de le croire également à propos de l’épidémie survenue au Niger en 1992 où, au cours d’une flambée en zone rurale, « on a observé avec surprise que la vaccination ne semblait pas affecter le taux de létalité de manière significative : 20,4 % parmi les cas vaccinés, 16,7 % chez les non»vaccinés ».

On serait tout de même en droit de dire que la létalité était nettement plus élevée chez les vaccinés. Mais là encore il y avait une bonne explication à cet échec, « la raison étant peut-être l’extrême chaleur qui règne dans la région et qui rend très difficile la distribution d’un vaccin actif». Alors, une fois de plus, pourquoi s’obstiner à utiliser une méthode dont on ne peut assurer les bonnes conditions d’application ? On sait pertinemment que la gravité de la rougeole dans ces pays est renforcée par la malnutrition, le déficit en vitamine A, une plus grande fréquence de la diarrhée (due à la mauvaise qualité de l’eau) et un manque d’hygiène qui favorise les surinfections. Les rougeoles survenant dans ces conditions sont graves en raison d’une part du déficit immunitaire lié aux causes évoquées ci-dessus et d’autre part à la profonde immunodépression provoquée par la rougeole elle-même. Ne serait-il pas plus simple, et certainement plus efficace, d’améliorer le niveau de vie de ces populations ?

Suite: JO

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